Analyses & Studies

Eire Eco - Février 2020

Vous trouverez ci-dessous le point sur la situation économique irlandaise du mois de février 2020.

Macroéconomie

Activité économique – L’activité dans le secteur manufacturier irlandais connait un rebond au mois de janvier 2020. L’indice PMI manufacturier irlandais s’établit à 51,4 en janvier 2020, enregistrant une augmentation de 1,9 point en comparaison au chiffre du mois précédent (49,5). Ce chiffre encourageant signale un retour de la croissance du secteur après un second semestre 2019 marqué par une stagnation de l’activité manufacturière. Le PMI irlandais demeure supérieur au PMI manufacturier de la zone euro dont le score s’établit à 47,9 pour le mois de décembre 2019 ainsi qu’à celui du Royaume-Uni (50,0).

Selon les entreprises sondées, l’amélioration de l’indice au mois de janvier 2020 s’expliquerait par un rebond général de l’activité manufacturière en zone euro et au Royaume-Uni ainsi que par une baisse de l’incertitude liée au Brexit. L’indicateur des nouvelles commandes a notamment enregistré sa plus forte croissance depuis avril 2019. En parallèle, la confiance des entreprises du secteur manufacturier continue de s’améliorer et observe sa plus forte augmentation mensuelle en trois ans, atteignant son niveau le plus élevé depuis mai 2019. Selon Oliver Mangan, chef économiste de la banque Allied Irish Banks (AIB), l’optimiste du secteur pourrait être éprouvé cette année par les négociations autour de l’accord commercial entre le Royaume-Uni et l’Union Européenne.

Le PMI des services enregistre une nouvelle hausse au mois de janvier 2020 et s’établit à 56,9, soit 1,0 point de plus que le mois précédent (55,9 en décembre 2019). Les entreprises sondées ont notamment rapporté une augmentation des commandes sur le marché national ainsi qu’à l’exportation, dont l’indicateur enregistre sa croissance la plus soutenue depuis décembre 2018. La confiance des entreprises du secteur des services quant au développement de leur activité sur les douze prochains mois progresse à nouveau pour atteindre son niveau le plus élevé depuis juillet 2018, en raison de la diminution de l’incertitude liée au Brexit.

PMI

Chômage – Le taux de chômage se maintient sous la barre des 5% en Irlande. Le taux de chômage s’établit à 4,8 % corrigé des variations saisonnières (cvs) au mois de janvier 2020 (contre 4,7 % en décembre 2019) après une légère mise à jour des données. Le nombre de chômeurs (cvs) s’établissait à 120 200 en janvier 2020, soit 3 300 de plus qu’en décembre 2019 et 4 000 de moins qu’en janvier 2019.

Chom 1

Les chiffres du chômage des jeunes ont connu une révision substantielle ce mois-ci, la nouvelle série décrivant une dynamique plus encourageante que l’ancienne malgré une augmentation du taux de chômage des jeunes. Ce dernier s’établit ainsi à 11,8% en janvier 2020, contre 11,1% en décembre 2019.

 Chom 2

En parallèle, le nombre de personnes enregistrées auprès du Live Register (homologue irlandais de Pôle Emploi) a à nouveau diminué alors qu’il avait déjà atteint son niveau le plus faible depuis janvier 2008 en décembre 2019. Pour le mois de janvier 2020, il s’établit donc à 183 900 soit 1 300 de moins que le mois précédent et 15 872 de moins qu’en janvier 2019.

Immobilier – Selon les variations exprimées en glissement mensuel, la croissance des prix de l’immobilier à l’échelle nationale se stabilise au mois de novembre 2019. A Dublin, les prix de l’immobilier à l’achat se stabilisent (+0,0 % g.m) au mois de novembre 2019, après avoir enregistré une légère baisse le mois précédent (-0,1% g.m). Hors Dublin, les prix de l’immobilier continuent d’augmenter, à un rythme cependant plus faible (+ 0,1%, contre + 0,3% le mois précédent).

Immob 1

Le second graphique présente les variations en glissement annuel des prix immobiliers. La croissance des prix de l’immobilier s’accélère marginalement sur l’ensemble du territoire hors Dublin alors que les prix de l’immobilier continuent de diminuer à Dublin, pour le quatrième mois consécutif. La variation des prix de l’immobilier à Dublin s’établit à -0,7 % en novembre 2019 contre -1,5 % en octobre 2019 et -1,1% en septembre 2019 (g.a.). En parallèle, la croissance des prix de l’immobilier hors Dublin s’établit à +3,6% en novembre 2019 contre 3,5% le mois précédent (g.a.).

Immob 2

Ventes de détail – Les ventes au détail ont enregistré une hausse substantielle de +3,6 % en décembre 2019 en glissement mensuel (csv) et de +5,8% en glissement annuel (csv) en raison de la période de Noël, du Black Friday (compris dans la période analysée – 24 novembre au 28 décembre) et d’une diminution de l’incertitude liée au Brexit et de ses conséquences sur la consommation des ménages. Les chiffres sont cependant faussés par les ventes de voiture, de nombreux ménages réalisant leurs achats de voiture au Royaume-Uni afin de profiter d’un taux de change avantageux. En excluant les ventes d’automobile, les ventes de détail sont en hausse de +2,8% en glissement mensuel et de +5,0% en glissement annuel.

La consommation des ménages a progressé à un rythme soutenu de +3,3% au troisième trimestre 2019 (en glissement annuel), confirmant une dynamique positive pour l’année 2019.

 Détail

Confiance des consommateurs – La confiance des consommateurs irlandais (indice créé et mis à jour par la banque KBC et le think-tank irlandais ESRI) enregistre son troisième mois de hausse consécutif, atteignant son niveau le plus élevé depuis juin 2019. L’indice s’établit à 85,5 en janvier 2020 contre 81,4 le mois précédent, soit une augmentation de 4,1 points. Ce chiffre reste néanmoins inférieur au niveau de l’indice au mois de janvier 2019, qui s’établissait alors à 98,8. Tout comme pour les deux mois précédents, l’amélioration de l’indice semble pointer vers une réduction à court-terme des risques liés à une sortie brutale du Royaume-Uni de l’Union Européenne. Le rapport reste prudent et souligne que l’augmentation de la confiance des consommateurs irlandais serait un effet de rattrapage plutôt qu’un regain de confiance structurel.

Conso

 

Finances publiques

Exchequer – Les recettes totales en ce début d’année 2020 ont été dynamiques, s’établissant à 5,9Mds € et supérieures de +10,0 % (en glissement annuel) à celles de 2019, principalement du fait de l’impôt sur le revenu (+16,7 %) et des droits d’accise (10,4%). Les recettes de TVA affichent quant à elle une baisse de -1% (g.a). Contrairement à 2019, les recettes de l’impôt sur les sociétés (IS) ont été positives en janvier 2020 (116M€ contre -102M€ en janvier 2019 en raison de remboursements). Les dépenses totales du gouvernement central pour le mois de janvier 2020 étaient cependant également en hausse de +8,2% (g.a) à 5,3Mds€ en raison des dépenses dans l’éducation, l’emploi et la sécurité sociale.

L’Exchequer (budget du gouvernement central) affichait un excédent de 1,66 Mds€ en janvier 2020, en hausse de +23 M€ par rapport à janvier 2019.

NAMA – En 2018, la NAMA a réalisé un bénéfice net de 795M€, soit une augmentation de +65% (481M€ en 2017). Entre sa création et la fin de l’année 2019, l’agence a généré des revenus à hauteur de 45Mds€, dont 3,3Mds€ en 2018 et 1,3Mds€ en 2019, répartis entre la ventes des actifs et d’autres sources de revenus, en particulier les recettes de location. La NAMA prévoit la matérialisation d’un excédent final de 4Mds€. 2Mds€ de cet excédent devraient être alloués aux recettes du budget du gouvernement central en 2020 et les 2Mds€ restants en 2021.

Après la publication du rapport de point d’étape en juin 2019 par le ministère des Finances, le gouvernement a demandé l’extension de la période d’activité de la NAMA (jusqu’en 2025), qui devait originellement cesser en 2021. En effet, la NAMA pourrait continuer à gérer un très faible pourcentage de son portefeuille originel (moins de 1%), constitué de prêts 1/ dont les collatéraux sont sujets à des procédures judiciaires en cours  (projet Eagle) ou 2/ sécurisés par des actifs résidentiels dont la valeur pourrait être significativement réévaluée à la hausse après 2021. La demande du gouvernement irlandais a été acceptée par la Commission Européenne le 25 juillet 2019.

Secteur bancaire

Marché hypothécaire – Selon les données publiées par la fédération irlandaise des banques et des paiements (Banking & Payments Federation Ireland, BPFI), le montant total des prêts hypothécaires accordés est en augmentation de +6,1 % en décembre 2019 (en glissement annuel). L’encours total des prêts hypothécaires accordés en novembre 2019 s’établit à 696 M€, dont 362 M€ pour des primo-accédant. L’encours total des prêts accordés aux primo-accédant en décembre 2019 est en augmentation de +20,4 % (glissement annuel).

Prêts non-performants (PNP) – La banque irlandaise Allied Irish Banks (AIB) envisagerait la cession de portefeuilles de PNP hypothécaires, ces derniers représentant actuellement plus de la moitié de l’encours total des PNP de la banque. AIB avait jusque-là considéré cette option comme une option de dernier recours et favorisait son engagement auprès des emprunteurs. Selon le courtier irlandais Davy Research, AIB négocierait actuellement la cession d’un portefeuille composé de « milliers de PNP hypothécaires », projet nommé « Project Oak », représentant la première cession d’un tel portefeuille par la banque. Cette vente s’inscrit dans la stratégie globale d’AIB de réduire son taux de PNP bien en dessous de la barre des 5%.

 

LE CHIFFRE DU MOIS: 1 706,9

Il s’agit du salaire brut minimum mensuel national en Irlande. Le gouvernement irlandais a annoncé le 19 décembre 2019 une hausse du salaire minimum horaire national, qui est entrée en vigueur le 1er février 2020. Le salaire minimum horaire irlandais est ainsi passé de 9,8€ à 10,1€, soit une augmentation de +30% amenant le salaire minimum mensuel à 1 706,9€. Le ministère des Finances irlandais a estimé qu’environ 127 000 travailleurs irlandais bénéficieraient de la mesure. Alors que le salaire brut minimum national n’avait pas connu d’augmentation entre 2007 et 2015 en raison de la crise, le gouvernement irlandais a depuis 2015 instauré une réévaluation annuelle à la hausse, portant à +13,2% l’augmentation enregistrée par le salaire minimum horaire entre 2015 et 2020. En comparaison avec les autres pays de l’Union Européenne, l’Irlande possède le salaire minimum mensuel national le plus élevé après le Luxembourg (2 142,0€) et avant les Pays-Bas (1 635,6€).

 Mois

Brexit

Estimation de l’impact de l’accord commercial sur l’économie irlandaise – Le centre de recherche danois Copenhagen Economics a publié fin janvier 2020 une mise à jour de son étude (mandatée par le gouvernement irlandais) traitant de l’impact du Brexit sur l’économie irlandaise. L’analyse inclut désormais deux nouveaux scénarios prenant en compte les conséquences de l’accord, en cours de négociation, sur les relations futures entre le Royaume-Uni et l’Union Européenne. En se fondant sur le texte et les engagements pris dans le Revised Political Declaration (RPD), l’organisme développe un scénario considéré comme la meilleure interprétation possible des déclarations (proche de l’appartenance à l’espace économique européen – comme la Norvège) et un second scénario considéré comme la pire interprétation possible des déclarations (proche de l’appartenance à l’union douanière – comme la Turquie). Les résultats montrent qu’un accord commercial fondé sur les déclarations de l’accord de retrait pourrait diminuer de -3,2% à -3,9% le PIB irlandais à l’horizon 2030, en fonction de l’interprétation retenue.

Cette étude se fonde cependant sur une déviation marginale du RPD alors que les récentes déclarations du gouvernement britannique laissent penser que le Royaume-Uni pourrait se diriger vers un accord commercial type Canada (soit le scénario type accord de libre-échange « FTA » dans l’étude) voire même un accord type Australie (soit le scénario « WTO », l’accord par défaut réglementé par l’OMC).

 Brexit

Sondage – Selon l’étude trimestrielle publiée par l’association des chefs d’entreprise irlandais (Institute of Directors in Ireland), 30% des chefs d’entreprise se disent optimistes au quatrième trimestre 2019 quant à l’issue de la sortie du Royaume-Uni de l’Union Européenne, soit une hausse substantielle par rapport au chiffre du troisième trimestre 2019 de seulement 9%. Ce résultat reste cependant inférieur à celui obtenu au quatrième trimestre 2018, quand 32% des chefs d’entreprise se considéraient comme optimistes quant à l’issue du Brexit. 66% des membres de l’association estiment que l’incertitude liée au Brexit a eu un impact sur le développement de leurs activités. 88% des sondés pensent que le Brexit aura un impact négatif sur l’économie irlandaise à court-terme, contre 47% à long-terme. Enfin, 89% d’entre eux estiment que travailler à améliorer les relations entre l’Irlande et le Royaume-Uni dans un contexte post-Brexit constituera un enjeu primordial.

 

Elections générales

Trois partis en tête et incertitude quant à la constitution d’un gouvernement – Les élections générales du 8 février ont vu la matérialisation d’un résultat historique avec le Sinn Fein (parti de gauche nationaliste et pronant une politique anti-austérité) se positionnant en pole position et remportant le vote populaire, après les premiers tours de décompte des voix. Les résultats préliminaires font état d’un trio de tête, Sinn FeinFianna Fail et Fine Gael. Des négociations en vue de former une coalition gouvernementale vont s’engager, vraisemblablement autour du Sinn Fein et du Fianna Fail. Ce processus pourrait prendre plusieurs semaines et créer un climat d’incertitude en l’absence d’un gouvernement, pesant sur l’activité économique. Alors que le Fianna Fail et le Fine Gael sont des partis très proches en matière de politiques économiques (centre-droit), le Sinn Fein semble incarner un changement notamment en matière de fiscalité des personnes sans pour autant afficher des positions novatrices en matière de fiscalité des entreprises.

 

Source: https://www.tresor.economie.gouv.fr/Articles/2020/02/11/eire-eco-fevrier-2020

Documentation

Download 2002_Eire_Eco_fevrier_2020.pdf  (PDF • 2 MB)
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